Comment réussir la pose de liteaux pour une couverture en ardoise

Comment réussir la pose de liteaux pour une couverture en ardoise #

Anticiper le projet : calculs, choix des matériaux et préparation du support #

La réussite d’un litonnage sous ardoise commence avant même la pose. Plusieurs paramètres essentiels influencent la conception et le choix des matériaux. L’écartement exact entre les liteaux dépend du format d’ardoise, de la pente du versant et des charges attendues – notamment le poids cumulé de la couverture, du bois support, et les sollicitations dues au vent ou à la neige. Par exemple, pour une toiture en Bretagne exposée à des vents soutenus et à un fort taux de précipitation, le calcul diffère sensiblement d’une toiture en Centre-Val de Loire à la charge climatique modérée.

  • Pour un format d’ardoise de 32×22 cm, l’écartement standard du liteau atteint généralement 11 à 15 cm, ajusté selon le recouvrement souhaité.
  • Sur une pente de 45°, un espacement plus large est toléré ; en deçà de 30°, on resserre fortement pour garantir l’évacuation des eaux pluviales.
  • Le DTU 40.13 impose une vérification rigoureuse de la section des liteaux : 27×38 mm reste la référence pour des entraxes de chevrons classiques jusqu’à 60 cm.
  • Le choix de l’essence de bois – sapin traité classe 2 ou classe 3 – influence directement la résistance aux champignons et à l’humidité.
  • Noircissement, torsion ou nœuds excessifs : tout défaut non repéré avant la pose peut compromettre la fiabilité de la couverture.

Avant tout début de chantier, nous contrôlons systématiquement la planéité du support et l’état de la charpente. Sur une rénovation en ardoise naturelle à Angers en 2023, le voilement de chevrons sur 2 cm a nécessité une correction par calage avant tout litonnage. Ce soin préventif écarte les risques d’alignement irrégulier au moment du clouage.

Tracer les alignements et repères pour un litonnage précis #

Un traçage soigné fixe la réussite du projet dès les premières minutes. Chaque ligne de repère, tracée à l’aide d’un cordeau à tracer et d’un mètre rigide, structure l’alignement et la régularité du calepinage. L’écart mesuré entre chaque trait dépend du format d’ardoise retenu, mais aussi de la méthode de fixation (crochets, clous traditionnels). Sur un chantier école réalisé à Limoges en 2024, chaque liteau a été minutieusement marqué sur la volige d’égout puis reporté uniformément de bas en haut, évitant tout effet d’escalier visible.

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  • Toute la pente est préalablement divisée en zones repères, du liteau d’égout au faîtage.
  • Un cordeau tendu assure la rectitude des lignes sur toute la largeur du toit.
  • Chaque point d’appui (chevron, volige) reçoit un trait net, facilitant la pose ultérieure sans approximation.

Nous recommandons de vérifier la cohérence des espacements sur plusieurs rangs avant de débuter la fixation des liteaux, afin de corriger immédiatement tout écart. Sur les ardoises à recouvrement variable, le traçage par gabarit s’avère essentiel afin de compenser toute tolérance ou variation de format industriel.

Techniques de pose et de fixation des liteaux sur toiture #

La fixation des liteaux exige rigueur et adaptation selon le support. Traditionnellement, le clouage direct sur les chevrons reste la norme, même si le vissage mécanique progresse, surtout sur les bois durs ou pour une meilleure précision. L’ordre de travail se fait toujours du bas (l’égout) vers le haut (faîtage), évitant les recouvrements inversés préjudiciables à l’écoulement de l’eau.

  • Première pointe à 5 cm du bord du liteau sur chaque chevron pour bloquer en place ; ajustement du positionnement, puis mise en place des fixations complémentaires.
  • Au niveau des points singuliers (rives, noues, arêtiers), on renforce systématiquement le maintien par un double clouage ou l’ajout de voliges pour éviter tout flambement.
  • La pose se poursuit rang par rang, contrôlant à chaque liteau la parfaite horizontalité à l’aide d’un niveau à bulle ou d’un laser rotatif.
  • Dans les régions à risque sismique, le vissage inox ou galva offre une résistance accrue sur les charpentes anciennes.

Une attention particulière est portée à la parfaite contact du liteau avec le plan du toit. En 2022 à Saint-Brieuc, plusieurs toitures ont été reprises car un fléchissement de liteaux non corrigé au montage avait généré une fuite localisée sur six mètres en rive. Pour moi, la vigilance constante sur la régularité du plan est décisive – chaque manquement est source potentielle de désordre futur.

Choisir et positionner les éléments spécifiques : chanlattes, contre-lattes et ventilations #

Certaines pièces de bois jouent un rôle déterminant sur la performance globale de la toiture ardoisée. La chanlatte, fixée à l’égout, relève le premier rang d’ardoises et évite la stagnation de l’eau sur la volige. Une malfaçon fréquente consiste à négliger cet appui, ce qui provoque, à la première saison humide, un bâillement de l’égout et une infiltration capillaire.

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  • La chanlatte doit présenter une épaisseur d’ardoise, soit entre 5 et 7 mm, fixée solidement à chaque chevron.
  • Le contre-liteau positionné perpendiculairement sous les liteaux, assure la ventilation du voligeage et évite la condensation sous ardoise.
  • Les entrées d’air en bas de pente et évents en faîtage maintiennent un débit d’air continu, incontournable pour évacuer l’humidité résiduelle.

En 2023, sur une couverture de 400 m² à Tours, le remplacement partiel des contre-liteaux et la pose de nouveaux dispositifs de ventilation ont permis d’éradiquer durablement les traces de moisissures. Toute négligence sur ces éléments réduit l’espérance de vie de la couverture, même si la pose des ardoises est parfaite. Nous devons donc systématiser leur positionnement, surtout sur les toitures anciennes dont l’étanchéité à l’air était historiquement sous-estimée.

Adaptations pour ardoises naturelles et ardoises fibres-ciment #

La nature des ardoises impose des variations techniques à chaque étape du litonnage. Les ardoises naturelles, issues de schistes extraits à Trélazé ou dans les Asturies, présentent des formats et une épaisseur variables,

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